2007/06/28

le permis japonais

encore une occasion de m'arracher les cheveux sur la non efficacité japonaise, ou comment perdre une journée de sa vie ...

Je pars de bon matin, à 8h15 j'enfourche mon vélo, arrivée à 9h30 au centre de passage du permis (qui est complètement paumé : pour y aller, je prends le velo, un premier train, un second train, puis 30 min de bus).
Je monte au premier étage du bâtiment, au début tout se passe bien : je remplis des formulaires, j'avais bien tous mes papiers préparés donc tout baigne. On me dit d'attendre.
A 10h45, toujours pas de nouvelles, donc je monte au creneau : le bureau ferme à 11h et le consulat aussi bien que d'autres français de Furuno m'ont tous dit que ça prenait une demi-journée.
On me dit d'attendre encore un peu. Puis on me donne une liasse de papiers à aller amener à un autre étage, avec des formulaires à remplir encore. Je paie la première fournée de timbres fiscaux, de toutes les couleurs : ils servent pour l'établissement de la demande de permis de conduire.
On me fait le test des yeux, avec des couleurs et des formes à expliquer...heureusement la dame a des jetons de couleurs et je montre du doigt, parce que autant bleu et rouge ça va, autant jaune et vert c'est plus compliqué en japonais (sont tordus ces jap quand même).
Je recois un papier certifiant que j'ai des bons yeux. Ouf! Je vais à un autre guichet à l'autre bout du batiment pour payer la deuxième fournée de timbres fiscaux, ceux pour l'examen de la vue cette fois-ci.
Je remonte au premier bureau. Ils me font signer un par un tous les timbres fiscaux de façon à ce que ma signature soit à cheval sur les timbres et le papier. Ca ne les embete pas que je signe deux fois un timbre, du moment que c'est à cheval.
Et là ... ils m'annoncent que je dois attendre 14h10 pour la suite des événements.J'en crois pas mes oreilles, y a personne dans ce truc, et ils mettent je ne sais combien d'heures pour trois bouts de papier, et ils te disent de revenir l'après-midi parce que la pause dure de 11h à 14h10!!!
Je ne suis pas contente du tout du tout, parce que l'après-midi je devais avoir cours de japonais, et que les profs vont commencer à nous faire faire des revisions entre autres parce que j'ai demandé...vraiment pas contente.
Mais j'ai pas le choix, on est au Japon n'oublions pas, c'est l'Asie, donc ils peuvent faire plein de sourires et dire "oui oui", ils ont leurs idées et pas moyen de les en faire changer. Donc je prends mon mal en patience, et profite de ces 3h d'attente pour faire du japonais ...

C'est un endroit désert : à part le bâtiment des permis de conduire, il n'y a rien, pas même une petite épicerie pour acheter de quoi manger, il n'y a qu'un distributeur d'onigiri dans le batiment, sinon rien autour. J'essaie de me ballader, mais dans cette fournaise (32°, pas un pet de vent), il n'y a que les tortues dans la rivière, et les pylones dans les chantiers, qui subsistent dehors. C'est vide ...
Je retourne dans le bâtiment, mais ils ont mis la clim tellement fort que j'ai la chair de poule même avec t-shirt et chemise. J'observe cet énorme bloc de béton communiste, avec des bureaux microscopiques cachés derrière des rideaux pour qu'on ne voit rien de rien de rien de ce qui ne se trâme à l'intérieur ...

En passant, je tombe sur des panneaux de prévention routière ... J'aime beaucoup en haut à gauche la personne qui a commis une effraction qui se fait assomer par une liasse de billets de l'amende, en bas à gauche, le truc jaune c'est une bouteille de saké! Et oui, il ne faut pas boire quand on conduit, donc on coupe le cordon omblical qui nous retiens au flacon de saké ... et puis en bas à droite, le médecin conseille, de nuit, de marcher dans la rue avec une lampe frontale, des rétro lumineux aux bras, et des chaussures qui font des flash quand on marche!!! Je vous rassure, j'ai pas encore vu ça en vrai ...

A côté de ces affiches, il y a aussi celles pour les personnes recherchées par la police, avec des primes de 2 000 000 de yen, soit 12 000 euros, et en-dessous les affiches pour s'engager dans l'armée (pareilles que les françaises), et juste à côté, celles pour ... la "nursery school"!!




Je reviens a 14h10, on me fait encore remplir des papiers, et on me dit d'aller ... à la photo!!!!! Ben oui parce que la photo papier qu'on demande au début n'est utile qu'à la préparation du dossier. Pour le permis en tant que tel, la petite carte, ils ont une machine qui prend en photo le demandeur et ils la mettent en numérique sur la carte.
Puis la photo prise, encore un autre guichet pour payer encore des timbres fiscaux, cette fois-ci pour le permis physique, la carte qui ressemble à s'y méprendre à la carte d'alien registration card, qui est semblable à ma carte bancaire d'ici ...
Et là magique, on me dit d'attendre jusqu'à 15h pour la suite des événements . J'en peux plus ...

Petit retour sur les timbres fiscaux :
Au total, il y a donc trois fournées de timbres : ça permet de faire passer le temps aux demandeurs, pendant ce temps les employées peuvent avancer les dossiers, faudrait pas être efficace non plus, et demander aux gens d'amener tous seuls les timbres en une seule fois! C'est une caractéristique japonaise, qui se retrouve à tous les niveaux : créer des actions supplémentaires inutiles pour occuper les gens, pour qu'on ait l'impression d'etre toujours occupé. C'est le cas évidemment avec l'emploi, avec le japon qui très peu de chômage, mais alors les gens ont quels emplois! Distribuer des mouchoirs est un emploi; faire traverser les étudiants de plus de 20 ans dans le trou paumé de Doshisha où y a trois voitures par jour, c'est un emploi; prendre les feuilles que tend un supérieur puis faire trois pas pour les amener à une autre personne et revenir s'assoir en attendant le prochain tas de feuilles, c'est un emploi; et ça continue comme ça ... certaines municipalités n'hésitent pas à construire des routes juste pour créer de l'emploi (vous immaginez une route : rien que le nombre de japonais employés pour regarder les autre bosser, ça supprime tout le chômage de la région!!), ce qui détruit le paysage ... mais c'est vachement bien! Il y a des procès par des assoc de protection de l'environnement, et les avocats ainsi que les juges ont du travail!! Et si en plus la municipalité perd ... ben encore de l'emploi pour détruire la route, c'est génial.

Pendant tout ce temps, j'ai aussi pu observer le centre de test de conduite, parce que le permis ne se passe pas en ville comme en France, mais sur un circuit qui reconstitue grossièrement une ville. Des routes, des feux rouges ... mais pas d'autres conducteurs, pas de piétons qui traversent, pas de chien au milieu de la rue ... une bonne vaste blague quoi. Pourtant il paraît que le permis japonais est très difficile à obtenir.

Bref, à 15h, je me retrouve dans une espèce de salle de classe avec chaises et pupitres en bois et tableau à craie, avec une vieille japonaise qui hurle des instructions qu'évidemment je ne comprends pas. Une nana à coté de moi me dit grosso-modo où écrire quoi.
Puis le moment arrive où je vais enfin recevoir mon permis, mais en fait j'ai signé alors qu'il fallait écrire mon nom dans la troisième case à droite an partant du bas, et je retourne, et en fait il fallait le nom entier (avec mes deux deuxièmes prenoms Irène et Elvina ... ah mes chers parents, un seul prénom, Elia, ça suffisait pas??), et enfin, enfin, enfin, j'ai ce petit bout de plastique avec ma photo dessus ...

Je sors attendre dehors le bus dans la fournaise, la clim est vraiment trop forte.

7 commentaires:

Jérôme_Mtl a dit…

un petit conseil... Attention au photo de document officiel et au vol d'identité, il y a des gens mal intentionnés partout...
Hier il faisait 34 degrés celsius à Montréal et avec un bon gros taux d'humidité - avec le taux humidex corrigée, il parait que ça donne un 40 degrés ressentis... Je raconte pas comment les moustiques sont heureux - moi moins !!!
Bonne continuation

Elia a dit…

salut jérome, tu as raison ... bon j'ai enlevé mon permis, je vais voir si je peux retoucher la photo pour que n'apparaissent plus les infos, que ma trogne et l'allue globale du permis!
l'humidité est aussi présente ici, c'est la saison des pluies (bien qu'il ne pleuve pas beaucoup pour une saison des pluies asiatique je trouve). Et les moustiques s'en donnent à coeur joie ... 8 piqueres rien que sur mon mollet gauche en 20 minutes de marche!!

Anonyme a dit…

Salut Elia !
Bravo pour ton permis et pour avoir survécu à toutes ces procédures. On se plaindra moins de l'administration françaises désormais...
Et puisqu'on parle de météo, vous plaignez pas trop : nous l'humidité, c'est des trombes d'eau depuis 2 mois (dans la moitié Nord bien sûr)... On est passé d'un début de canicule en avril à l'équivalent d'un mois de novembre depuis Mai :-(
A croire qu'on va finir par avoir une saison des pluies qui dure 6 mois aussi.
Bon courage quand même avec la clim !

Elia a dit…

salut Emilie,
4 commentaires d'un coup, ça fait super plaisir!
Savourez l'efficacité de l'administration française ...

Anonyme a dit…

je les trouve quand même pas si méchants ces Japonais j'aurais cru qu'il voudraient te le refaire passer entièrement vu leur mentalité. Une seule journée c'est plutôt sympa, surtout si les Japonais ont tant de mal à l'avoir ce permis!

Elia a dit…

ah mais j'avais cru que ça allait être le cas, tout repasser! je ne l'aurai pas fait, quand même. j'aime bien ton carrefourisme ... hihi

Anonyme a dit…

ton permis avec photo est toujours là... il a raison ce petit Jérôme, fais gaffe. Miam